Ces derniers, qui ont publié pour la première fois sur leurs recherches en 2017, ont découvert un nouveau biomarqueur multicancer, la progastrine. « Ils ont démontré, à travers des analyses menées sur 1.200 patients, que cette protéine est présente à des taux beaucoup plus élevés dans le sang chez des personnes atteintes d’un cancer que sur des sujets sains. Et ce pour onze cancers différents », précise Benoit You, professeur en oncologie aux HCL et coordonnateur de l’étude Oncopro.
420 patients suivis pendant 8 ans
L’objectif de cette étude, lancée il y a un an à Lyon en lien avec la société ECS Progastrin, créée notamment par les chercheurs montpelliérains, est de confirmer ces résultats encourageants. Dans ce cadre-là, 420 patients, atteints de seize types de cancers différents (sein, poumon, pancréas, vessie, utérus, mélanome…), vont être suivis pendant huit ans dans l’un des seize services d’oncologie des HCL participant à l’étude.
Pour confirmer les taux élevés de progastrine chez les patients atteints d’un cancer et évaluer l’utilité de ce biomarqueur dans le suivi du traitement, le taux de cette protéine sera mesuré lors du diagnostic par une prise de sang. Des tests sanguins qui seront renouvelés tout au long de la prise en charge des patients, « avant et après la chimiothérapie, après la chirurgie, pendant la surveillance », détaillent les Hospices civils de Lyon.
« Pour qu’il ne soit plus jamais trop tard »
Si le rôle joué par la progastrine est démontré, le diagnostic des cancers, qui s’appuie aujourd’hui sur des tests d’imagerie et des analyses poussées, pourrait être simplifié et amélioré. « L’enjeu, c’est bien d’avoir un diagnostic plus large et plus précoce pour qu’il ne soit plus jamais trop tard. Dépister plus tôt, c’est avoir plus de chance d’être guéri. Et ce quelque que soit le type de cancer », rappelle Benoit You.
L’évolution du taux de progastrine pourrait également permettre aux médecins de « prédire » l’efficacité d’un traitement et de l’ajuster plus rapidement qu’aujourd’hui. « Nous ne savons pas encore précisément comment va évoluer ce biomarqueur, s’il va diminuer ou pas », souligne Benoit You. Mais s’il évolue au fil du traitement, diminuant lorsque la chimio fonctionne, par exemple, ou stagnant lorsque les cellules cancéreuses résistent, cela pourrait épargner aux patients de longs mois de traitement voués à l’échec, avant la mise en place d’un nouveau protocole.
Les premiers résultats de cette étude, la plus importante selon les HCL des 60 expérimentations actuellement financées dans le monde par ECS Progastrin, devraient être connus dans un an. La fiabilité de ce biomarqueur dans le dépistage du cancer devrait alors être connue. « Si notre étude confirme sa valeur et que les autorités de santé donnent leur accord, ce test sanguin, simple à réaliser, pourrait être effectué dans les deux ans dans les laboratoires d’analyses médicales », ajoute le coordonnateur. L’impact de cette protéine sur le traitement de la maladie sera quant à lui évalué au fil de l’eau pendant les huit ans d’étude.
20 Minutes